Chronique #11 (01 décembre 2020)


Du cœur à l’ouvrage

Ce qui importe en médiation, ce ne sont pas tant les questions que pose le médiateur que le questionnement intérieur qu’elles suscitent chez les personnes avec lesquelles il s’entretient, questionnement dont les effets vont se poursuivre bien au-delà de la séance. Le but de la médiation est d’interpeller, de permettre d’accéder à un niveau de conscience des causes du conflit et des moyens de le résoudre. En ce sens, les questions comptent plus que les réponses qui y sont apportées, lesquelles sont encore bien souvent en adéquation avec l’image que celui qui s’exprime souhaite donner de lui-même.
Pour que ces questions du médiateur soient entendues par les médiés, qu’elles facilitent leur entendement, il importe avant toute chose d’instaurer la confiance, pierre de touche de la médiation. Afin de fonder cette confiance, première marche du processus, condition sine qua non de sa réussite, le médiateur doit faire preuve d’attention, de délicatesse, de curiosité, d’intuition (en veillant – et c’est là toute la difficulté – à ce que cette intuition ne soit pas au service d’une intention) et d’abnégation (peu lui importe l’issue de la médiation, peu lui importe ce que le juge qui l’a désigné, le prescripteur qui l’a missionné en penseront).
Et pour qu’elles se déploient naturellement et efficacement au cours de la médiation, ces qualités de cœur demandent à être cultivées, affermies. En d’autres termes, on ne s’improvise pas médiateur, on le devient. En exergue de son livre « Le cœur à l’ouvrage », titre ô combien approprié à la pratique de la médiation, Michel Rocard, citant Michel Foucault, soulignait que : « l’identité est une trajectoire ». C’est la vocation du CEMA que d’enrichir la trajectoire de chaque médiateur, de le prédisposer à mettre du cœur à l’ouvrage.

Bertrand DELCOURT, Président

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